Le Bénin est le seul pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) à enregistrer un taux d’inflation négatif (-0,4%) au deuxième trimestre 2022, selon le rapport sur la politique monétaire dans l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) publié par la Banque centrale des Etats de l’Afrique l’Ouest (BCEAO).
Abdul Wahab ADO
Les réformes économiques mises en œuvre par le gouvernement béninois font tache d’huile dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Contrairement aux autres pays de l’Union, le Bénin a enregistré un taux d’inflation négatif (-0,4%) au deuxième trimestre 2022, après une hausse des prix de 4,1% le trimestre précédent. Le progrès enregistré au Bénin est le fruit de certaines mesures prises par le gouvernement. D’abord, la pluviométrie favorable dans le pays aurait soutenu la production vivrière, contribuant à une baisse des prix des produits alimentaires (-4,1%), notamment des légumes frais (-11,9%), des légumes secs (-15,8%), des produits à base de tubercules et plantains (-1,5%), ainsi que les céréales non transformées (-5,5%). Ensuite, les mesures prises par le Gouvernement, notamment la limitation des sorties par voie terrestre des produits agricoles par l’instauration d’une redevance supplémentaire sur les denrées quittant le territoire, auraient contribué à renforcer l’offre de produits locaux sur les marchés. Selon le rapport sur la politique monétaire dans l’UMOA, dans les autres pays, les tensions inflationnistes au deuxième trimestre 2022 ont été les plus fortes au Burkina (+16,1%) et au Mali (+9,5%). L’ampleur de la progression des prix au Burkina est liée aux effets de la crise sécuritaire, qui affecte négativement les circuits de commercialisation des produits alimentaires, conjuguée à la baisse de 10% de la production céréalière de la campagne agricole 2021/2022 par rapport à la campagne précédente. Au Mali, la dynamique des prix serait essentiellement en lien avec le repli important de la production céréalière (-15%) comparativement à l’année précédente.
L’inflation dans l’Union
L’analyse selon la nature révèle une progression des prix des biens de 8,4% au deuxième trimestre 2022, après une hausse de 7,5% un trimestre plus tôt. Cette évolution est essentiellement imputable aux produits alimentaires. La progression des tarifs des services s’est maintenue à hauteur de 3,6%, en lien avec le renchérissement des services de transports. Le rapport sur la politique monétaire dans l’UMOA indique que le taux d’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, est ressorti à 4,6% au deuxième trimestre 2022, par rapport à la même période de l’année précédente, après une progression de 4,3% un trimestre plus tôt. Cette évolution est en rapport avec le renchérissement de certaines denrées alimentaires qui entrent dans le champ de l’indice sous-jacent, notamment les légumes secs (+18,4%), les huiles (+17,3%), les farines (+19,9%) et la viande (+5,6%). Ainsi, les tensions sur les prix de ces biens alimentaires expliquent 64,2% de la hausse de l’inflation sous-jacente. Quant aux produits non alimentaires inclus dans l’inflation sous-jacente, les tensions sur leurs prix concernent notamment les services de transport et de restauration. Par ailleurs, les prix des produits frais ont progressé de 14,6% au deuxième trimestre 2022, après 12,8% le trimestre précédent, en lien avec la flambée des prix des céréales, des légumes et de la viande. Ceux des produits énergétiques se sont accrus de 5,8% au deuxième trimestre 2022, après une progression de 6,1% au premier trimestre 2022, du fait de la hausse des prix du charbon de bois ainsi que du renchérissement du gaz et des carburants, dans le sillage des tensions sur les cours du pétrole brut sur le marché international. Le rapport sur la politique monétaire permet d’entrevoir l’impact des réformes mises en œuvre dans les Etats de l’UMOA au cours du deuxième trimestre.