La monnaie numérique de la CEMAC sera bientôt une réalité. Car, pour le projet d’émission de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour les pays de la CEMAC, le gouverneur, Abbas Mahamat Tolli, a signé le 13 septembre dernier, une décision portant création d’un groupe de travail qui sera chargé » d’effectuer le suivi et la mise en place des travaux relatifs à la réflexion sur une monnaie numérique de la BEAC « .
Ce groupe de travail est constitué de 8 membres (Eric Belibi, Eric Goro, Christian Rodrigue Otoly, Jean Calvin Abela, Clen Dorel, Maleo Batoumoueni, Marie Ikito Bessale et Julien Praxel Mendene Ondo) et deux rapporteurs (Jacques Eloundou, Armand Ngoupeyou) qui seront placés sous la supervision de l’équato-guinéen Ivan Bacale Molina, directeur général des études, finances et relations internationales à la BEAC. La décision du gouverneur indique que ce groupe travaillera « en étroite collaboration avec le Fonds monétaire International » et pourra « faire appel à toutes les personnes ressources de son choix ».
Les fruits de cette réflexion seront soumis à l’appréciation du conseil d’administration de la BEAC (constitué de deux administrateurs pour chaque pays de la CEMAC et de deux pour la France) qui a commandé cette réflexion depuis le 20 juillet 2022, et qui devrait décider de l’opportunité d’engager la banque centrale dans un tel projet.
Sur le principe, les monnaies numériques sont directement émises par les banques centrales et mises à la disposition des ménages et des entreprises sans intermédiaire. Elles peuvent être transférées ou échangées à l’aide de technologies blockchain qui permettent le stockage des enregistrements de transactions sur un réseau d’ordinateurs.
L’avantage d’une MNBC est qu’elle réduit la circulation des espèces et facilite le commerce transfrontalier en réduisant les délais de traitement. Mais l’un des défis qui sous-tend son implémentation, est celui des infrastructures numériques notamment la connexion internet, encore faible dans la région. L’autre risque est celui de la cybervulnérabilité qui, selon des experts pourrait faciliter le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
La volonté de la BEAC d’émettre une MNBC est intervenue au lendemain de l’adoption par la République Centrafricaine (RCA) d’une loi qui consacrait l’usage de la cryptomonnaie comme moyen de paiement sur son territoire et du Bitcoin comme monnaie ayant cours légal aux côtés du FCFA. Une décision qui avait suscité l’ire des autres pays de la région invitant Bangui à revoir son dispositif. La MNBC peut donc être perçue comme une alternative pour contrer l’émergence de la cryptomonnaie dans la région, que la BEAC juge « risquée et spéculative ».
Par ailleurs, la création de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour les pays de la CEMAC est liée à la révolution de la technologie d’accès aux moyens des échanges commerciaux.