(Economia24)-L’environnement économique internationale continue de se dégrader. Ainsi, depuis 2023, avec l’enlisement de la guerre en Ukraine et le déclenchement en octobre 2023 du conflit entre Israël et le Hamas au Moyen orient. Cette situation a fait grimpé le niveau d’endettement des pays à revenu faible et intermédiaire, en dépit des actions internationales dont l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) avec un fort risque d’aboutir à une crise de la dette internationale. Selon la « Note de cadrage macroéconomique de l’Union » de la Commission de l’UEMOA, la dette publique mondiale est très élevée. Le niveau d’endettement devrait dépasser les 100 000 milliards de dollars (soit 93% du PIB mondial) en 2024 et continuer à augmenter jusqu’à la fin de la décennie, atteignant près de 100% du PIB d’ici à 2030. Même si, selon les projections, la dette devrait se stabiliser ou reculer dans environ deux tiers (2/3) des pays du monde, elle restera largement supérieure aux prévisions établies avant la pandémie. Les pays où le niveau d’endettement n’est pas prévu de se stabiliser contribuent à plus de la moitié de la dette mondiale et à environ deux tiers (2/3) du PIB mondial. Il y a plusieurs raisons d’estimer que les niveaux d’endettement futurs pourraient dépasser ce qui est envisagé aujourd’hui. Ces dernières décennies, le discours politique sur les finances publiques privilégie de plus en plus l’augmentation des dépenses publiques. L’incertitude entourant la politique budgétaire est plus marquée et les lignes rouges en matière de fiscalité se figent. Les tensions montent sur les dépenses pour accompagner la transition écologique, faire face au vieillissement de la population et aux problèmes de sécurité, et relever les défis de longue date du développement. Il apparaît en outre que les projections tendent systématiquement à sous-estimer les niveaux d’endettement : les ratios dette/PIB réalisés trois ans plus tard sont, en moyenne, supérieurs de 6 points de pourcentage du PIB aux projections.
Les mesures d’ajustement budgétaire envisagées actuellement sont très insuffisantes pour qu’il soit fortement probable de parvenir à stabiliser (ou réduire) la dette. L’heure est venue de reconstituer les marges de manœuvre budgétaire. Dans un contexte de ralentissement de l’inflation et d’assouplissement attendu de la politique monétaire des banques centrales, les pays sont mieux armés pour absorber les répercussions économiques d’un resserrement budgétaire. De plus, adopter une posture attentiste peut coûter cher : dans les pays où il est prévu que la dette continue à augmenter, comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la France, les États-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni, reporter les mesures rendra l’ajustement nécessaire encore plus élevé. Tout atermoiement est risqué : l’expérience de certains pays montre qu’une dette élevée peut déclencher des réactions négatives sur les marchés et limiter la marge de manœuvre budgétaire en cas de chocs négatifs.
Comment Mettre un frein à la dette publique
Les principaux éléments du rééquilibrage nécessaire des finances publiques sont importants et nécessaires. Il s’agit entre autres la « Note de cadrage macroéconomique de l’Union » de la Commission de l’UEMOA, de :
Déterminer l’ampleur : un ajustement budgétaire cumulé qui représente 3,0 à 4,5% du PIB en moyenne est nécessaire pour que les probabilités de parvenir à stabiliser ou réduire la dette soient élevées.
Définir la composition : un ajustement budgétaire minutieusement pensé peut empêcher les pays de connaître une longue phase de croissance anémique.
Adapter le rythme : un ajustement graduel mais soutenu nécessiterait de trouver un équilibre entre maîtrise des vulnérabilités liées à l’endettement et maintien de la vigueur de la demande privée.
Gagner en crédibilité : les États doivent formuler des projets budgétaires délibérés, définis dans des cadres à moyen terme crédibles et des systèmes modernes de gestion des finances publiques pour fixer leur trajectoire d’ajustement et réduire l’incertitude entourant la politique budgétaire. Les pouvoirs publics peuvent gagner en crédibilité grâce à un contrôle budgétaire rigoureux et indépendant.
Améliorer la gouvernance budgétaire : les pays doivent éviter la dette non identifiée. À cet égard, il est primordial d’évaluer et de surveiller étroitement les passifs conditionnels, y compris ceux associés aux entreprises publiques.
Remédier au surendettement. Les pays en situation de surendettement ou dont la dette n’est pas viable devraient recourir sans tarder à une restructuration adéquate, ainsi qu’à un ajustement budgétaire, pour rétablir la viabilité de la dette.