Les conclusions du nouveau rapport national sur le climat et le développement du pays (CCDR) de la représentation de la Banque mondiale au Bénin à travers la Société financière internationale (SFI) ont été présentées ce jeudi 07 décembre 2023 à Cotonou.
Le rapport indique que le Bénin affiche des taux d’émissions de gaz à effet de serre parmi les plus bas au monde, cependant le pays reste l’un des plus vulnérables au changement climatique, se plaçant 152e sur 181 pays au classement de la vulnérabilité extrême au climat. Les inondations sont de plus en plus sévères et posent des défis importants face à l’insuffisance de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement, et des systèmes de collecte des déchets. En plus de la déforestation croissante, les 125 kilomètres de littoral du pays souffrent d’une érosion côtière sévère, qui devrait empirer si rien n’est fait.
Si la forte croissance de la dernière décennie a permis au Bénin de réduire la pauvreté, les gains de développement du pays se trouvent menacés par l’impact des chocs climatiques, selon les conclusions du nouveau rapport national sur le climat et le développement du pays (CCDR). Des actions ambitieuses sont nécessaires à la promotion d’une croissance durable et inclusive, tirant profit des opportunités pour une meilleure gestion des forêts et des terres, des infrastructures urbaines résilientes ainsi qu’une transition énergétique permettant d’atteindre l’accès universel à l’électricité.
« L’enjeu soulevé par le rapport est de trouver comment concilier développement et défis liés au changement climatique afin de protéger les pauvres et les plus vulnérables, » souligne Nathalie Picarelli économiste senior à la Banque mondiale et auteure principale du rapport. « Notre rapport estime qu’entre un demi-million et jusqu’à 1 million de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050 si aucune mesure d’adaptation n’est prise. »
La vulnérabilité du Bénin au changement climatique est due en partie à une structure économique dépendante de l’agriculture et de l’emploi informel. Cependant, il y a lieu d’être optimiste si le pays s’oriente rapidement vers un développement économique résilient, en concentrant ses investissements et ses politiques sur l’adaptation aux risques liés au changement climatique.
« Le Bénin a accompli d’importants progrès dans certaines zones de son littoral pour s’attaquer à l’érosion côtière, mais il reste encore du travail à accomplir car le pays enregistre l’un des taux d’érosion côtière les plus élevés du Golfe de Guinée, » rappelle Manuela Ravina da Silva, spécialiste de l’environnement à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. « Il est également nécessaire d’investir davantage dans les mesures d’atténuation, notamment l’énergie renouvelable, d’étendre l’accès à l’électricité pour la population et de s’attaquer à la déforestation par le biais de systèmes d’occupation des sols durables. Les objectifs de reforestations du pays doivent aussi être atteints d’ici 2030. »
L’adaptation au changement climatique exige un modèle de croissance résilient. Le gouvernement et le secteur privé doivent être mieux préparés à affronter le changement climatique — le développement d’institutions et de structures de gouvernance adaptées jouera un rôle crucial. Si tous les secteurs doivent devenir plus résilients, cette transformation s’avère particulièrement urgente pour l’agriculture et l’occupation des sols, l’aménagement urbain et les infrastructures de réseau, ainsi que le développement humain (éducation, santé).
« Le programme de développement du Bénin est très ambitieux. Affronter le défi du changement climatique est nécessaire pour parvenir à une croissance inclusive. Les besoins de financement sont importants et exigeront une action coordonnée, des solutions de financement innovantes et une implication soutenue du secteur privé. Le rapport CCDR constitue un appel à l’action pour toutes les parties prenantes du développement au Bénin, » conclut Nestor Coffi, responsable des opérations de la Banque mondiale au Bénin.
Après l’analyse des éléments du rapport, des actions importantes sont nécessaires pour booster l’économie verte au Bénin.