(Economia24)-La montée des tensions géopolitiques qui secoue le monde a des impacts sur le commerce international. Dans le dernier rapport d’octobre 2024 des « Perspectives et statistiques du commerce mondial », de l’Organisation mondiale du Commerce, une analyse de la situation géopolitique, ses impacts est des recommandations ont été faites. Les impacts ont conduit à une incertitude accrue en matière de politique économique qui continue de faire peser sur des risques substantiels à la baisse sur les prévisions. Selon l’OMC, les politiques monétaires divergentes des principales économies pourraient entraîner une volatilité financière et des déplacements de capitaux à mesure que les banques centrales abaissent leurs taux d’intérêt. Cela pourrait rendre le service de la dette plus difficile, en particulier pour les économies les plus pauvres. Les prévisions présentent également un potentiel de hausse limité si les baisses de taux d’intérêt dans les économies avancées stimulent une croissance plus forte que prévu sans relancer l’inflation.
Chute des prévisions économiques
Le commerce mondial de biens devrait augmenter de 2,7 % en 2024, en légère hausse par rapport à l’estimation précédente de 2,6 %, ont indiqué les économistes de l’OMC dans une prévision actualisée du 10 octobre 2024. Le volume du commerce mondial de marchandises devrait augmenter de 3,0 % en 2025 ; toutefois, la montée des tensions géopolitiques et l’incertitude accrue en matière de politique économique continuent de faire peser des risques substantiels à la baisse sur les prévisions. Le commerce des services a des perspectives plus favorables que celui des biens selon les indicateurs avancés.
Dans le rapport des « Perspectives et statistiques du commerce mondial », les économistes de l’OMC notent que le commerce mondial de marchandises a connu une hausse au premier semestre 2024, avec une augmentation de 2,3 % en glissement annuel, qui devrait être suivie d’une nouvelle expansion modérée au cours du reste de l’année et en 2025. Ce rebond fait suite à une chute de -1,1 % en 2023, provoquée par une inflation élevée et une hausse des taux d’intérêt.
L’inflation
La croissance réelle du PIB mondial aux taux de change du marché devrait rester stable à 2,7 % en 2024 et 2025. L’inflation avait suffisamment baissé à la mi-2024 pour permettre aux banques centrales de réduire leurs taux d’intérêt. Une inflation plus faible devrait augmenter les revenus réels des ménages et stimuler les dépenses de consommation, tandis que des taux d’intérêt plus bas devraient stimuler les dépenses d’investissement des entreprises.
La Directrice générale de l’Organisation, Ngozi Okonjo-Iweala, a déclaré : « Nous nous attendons à une reprise progressive du commerce mondial en 2024, mais nous restons vigilants quant aux éventuels revers, en particulier l’escalade potentielle de conflits régionaux comme ceux du Moyen-Orient. L’impact pourrait être plus grave pour les pays directement concernés, mais il pourrait également affecter indirectement les coûts mondiaux de l’énergie et les voies de navigation. Au-delà des implications économiques, nous sommes profondément préoccupés par les conséquences humanitaires pour les personnes touchées par ces conflits. »
« Il est impératif que nous continuions à œuvrer collectivement pour assurer la stabilité économique mondiale et une croissance soutenue, car ces éléments sont essentiels pour améliorer le bien-être des populations du monde entier. Au cours des trois dernières décennies, depuis la création de l’OMC, les revenus par habitant dans les économies à revenu faible et intermédiaire ont presque triplé. Nous devons poursuivre nos efforts pour favoriser un commerce mondial inclusif », a déclaré la DG Okonjo-Iweala.
Perspectives commerciales régionales
« Les dernières prévisions concernant le commerce mondial en 2024 et 2025 ne montrent que de modestes révisions depuis le dernier rapport sur les Perspectives et statistiques du commerce mondial en avril, mais ces projections ne tiennent pas compte de certains changements importants dans la composition régionale des échanges. Les données historiques sur le volume des échanges ont été considérablement révisées, notamment des révisions à la baisse des exportations et des importations européennes remontant à 2020. Des changements notables ont également été apportés aux prévisions du PIB par région, notamment une révision à la hausse de 0,4 point de pourcentage de la croissance de l’Amérique du Nord, ce qui pourrait également influencer les flux commerciaux dans d’autres régions », a déclaré Ralph Ossa, économiste en chef de l’OMC.
L’Europe devrait désormais enregistrer une baisse de 1,4 % des volumes d’exportation en 2024 ; les importations diminueront quant à elles de 2,3 %. L’économie allemande s’est contractée de 0,3 % au deuxième trimestre, les indicateurs manufacturiers ayant atteint leur plus bas niveau depuis 12 mois en septembre. Les exportations européennes ont été tirées vers le bas par les secteurs de l’automobile et de la chimie de la région. L’effondrement des exportations de produits automobiles de l’UE est inquiétant en raison de l’impact potentiel sur les vastes chaînes d’approvisionnement du secteur. Dans le même temps, les exportations de produits chimiques organiques dont certains sont associés aux médicaments reviennent à des tendances normales après une forte hausse pendant la pandémie de COVID-19. Les importations de machines de l’UE ont également chuté, en particulier en provenance de Chine. Cette tendance s’étend au-delà des tensions géopolitiques, affectant les importations en provenance des États-Unis, de la République de Corée et du Japon. Dans le même temps, l’augmentation des importations en provenance de l’Inde et du Vietnam suggère leur rôle croissant dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les volumes d’exportations de l’Asie augmenteront plus rapidement que ceux de toute autre région cette année, augmentant jusqu’à 7,4 % en 2024. La région a connu une forte reprise des exportations au premier semestre de l’année, tirée par des économies manufacturières clés comme la Chine, Singapour et la République de Corée. Les importations asiatiques affichent des tendances divergentes : alors que la croissance de la Chine reste modeste, d’autres économies comme Singapour, la Malaisie, l’Inde et le Vietnam sont en plein essor. Cette évolution suggère leur rôle émergent en tant qu’économies « de connexion », commerçant entre blocs géopolitiques, atténuant ainsi potentiellement le risque de fragmentation.
L’Amérique du Sud rebondit en 2024, se remettant des faiblesses des exportations et des importations observées en 2023. Le commerce nord-américain est largement tiré par les États-Unis, bien que le Mexique se distingue par une croissance des importations plus forte que celle de la région dans son ensemble. Les importations mexicaines rebondissent après une contraction en 2023, soulignant le rôle croissant du pays en tant qu’économie « connective » dans le commerce.
La croissance des exportations africaines est conforme à la tendance mondiale. Elle a été revue à la baisse par rapport aux prévisions d’avril, en raison d’une révision globale des statistiques commerciales de l’Afrique et d’un affaiblissement plus important que prévu des importations de l’Europe, principal partenaire commercial de l’Afrique. En avril, les économistes de l’OMC prévoyaient une contraction des importations de la région CEI pour 2024, mais elles devraient désormais afficher une croissance de 1,1 %, tirée par une expansion du PIB plus forte que prévu. Le Moyen-Orient a fait l’objet d’une révision majeure de ses données, ce qui explique l’écart entre les prévisions d’avril et les projections actuelles.
Les exportations de marchandises des pays les moins avancés (PMA) devraient augmenter de 1,8 % en 2024, ce qui marque un ralentissement par rapport à la croissance de 4,6 % enregistrée en 2023. La croissance des exportations devrait s’accélérer en 2025, pour atteindre 3,7 %. Parallèlement, les importations des PMA devraient augmenter de 5,9 % en 2024 et de 5,6 % en 2025, après une baisse de 4,8 % en 2023. Ces projections sont étayées par des estimations de croissance du PIB pour les PMA de 3,3 % en 2023, 4,3 % en 2024 et 4,7 % en 2025.